Les ailes dans le dos d’une gourgandine

(Extrait du chapitre 26 – Les effluves d’une vie)

claude_monet_-_chemin_dans_les_bles_a_pourville_1882

— Mai 1980, Pourville —

« Tic, Tac, Tic, Tac, Tic, Tac, Tic, Tac… »

Les aiguilles du temps tissent un voile de pudeur. La pendule bat le silence en cadence. Dans mon cabinet, une trentenaire est allongée sur le divan. Mariée depuis cinq ans, elle ne jouit plus. Avec son mari. Sa chevelure frisée blonde repose sur le cuir noir, elle est détendue. Elle me parle de son choix. Enfin, celui auquel elle pense. Partir. Trop de problèmes sexuels, trop de questions, trop d’envies inassouvies dans son couple. Tout se mélange.

Pendant ce temps, moi je regarde la mer et le chemin des falaises qui y mène. Celui que j’aime emprunter le soir quand l’ouest est en flammes. Là où j’aime cueillir des tournesols égarés pour faire des bouquets de soleil. Près de l’homme de craie qui pointe son nez vers les rouleaux blancs.

C’est ma question qui la met mal à l’aise. Cette femme doute.

« Etes-vous heureuse d’être en couple ? »

Cette question je me la suis posée avant elle. Après avoir connu la débauche si jeune et profité de ce que mon corps pouvait me donner, après mes malheurs, j’ai cédé, me suis donnée entière à un homme pour être aimée, protégée.

Ça n’a pas duré longtemps.

Un soir, je me suis demandée ce que je faisais dans la bulle du mariage. Comme elle, j’ai mis du temps à répondre en scrutant le miroir.

……..

L’homme de craie

homme-de-craie


Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s