(Extrait chapitre 2 – Les effluves d’une vie)
— Août 2016, Amazonie —
La forêt épaisse déroule son tapis vert humide et chaud sous les pieds de Théophile et de la petite fille qui l’accompagne. Ils marchent depuis plus de deux heures. Cette ambiance feutrée dégage de la paix et elle avait promis qu’elle emmènerait son ami en ces lieux. Une découverte pour lui. C’est un plaisir pour ce vieux bonhomme qui aime les arbres gigantesques et la nature préservée.
Ils traversent une clairière ensoleillée, complètement tapissée de plantes étranges agrippées aux arbustes et aux buissons. Leurs tiges remuent grâce aux caresses du vent. Au bout de chacune d’entre elles, est accroché un papillon orange et jaune. Plante magique et déconcertante. Une forêt de papillons en laisse qui bougent dans tous les sens. La fillette rit en voyant Théophile complétement surpris par cette image féérique.
— Alors Théophile, ils ne sont pas beaux mes papillons domestiques ?
— Oh oui ma petite fleur ! C’est merveilleux. Comment s’appellent ces beautés ?
— Ce sont des Psychopsis. Des orchidées. Sûrement les plus étranges… Elles ne volent pas, elles caressent l’air. J’aime beaucoup courir au milieu des papillons. Jamais ils ne me rattrapent, ils sont attachés !
— Et bien, je n’ai jamais vu autant de lépidoptères rassemblés. On dirait de vrais papillons en robe de soirée. Elles sont parfumées ces fleurs ?
— Non, mais tellement belles. Regarde. La brise fait bouger leurs ailes. Le volant de leur jupe s’amuse à vibrer. Une danse de désir pour tes yeux d’amoureux des fleurs.
Théophile est ému par ce moment. La fillette lui insuffle sa passion des orchidées et tout ce qu’elle dit n’est que pure poésie. Il a l’impression d’entendre sa maman. Il l’a tant écoutée.
Ils reprennent la route et s’enfoncent de nouveau dans les profondeurs de la forêt humide. Les oiseaux exotiques laissent échapper leurs cris et la chanson qui les accueille est un signe de bienvenue. Elle connaît ce chemin par cœur, elle adore vagabonder dans ces bois. Y rêver, penser et apprendre.
Elle s’approche d’un arbre tout tordu aux racines qui courent jusque dans le sous-bois, comme pour aller s’y cacher. Ses branches flexueuses sont couvertes de plantes fleuries qui semblent attachées à l’écorce épaisse sculptée par le temps.
— Tu vois Théophile, c’est mon jardin secret ici. Regarde tous ces Cattleyas sur l’arbre. Il en est couvert ! Sens ce parfum ! Ça ne te rappelle rien ?
…………
Psychopsis